Adulé ou incompris, le Lean Manufacturing continue de s’étendre dans les industries et cela depuis les années 1950. Dans ce contexte de crise sanitaire, certain de ses principes sont appliqués naturellement pour des raisons de sécurité. Mais pourquoi enclencher cette démarche, quelles actions concrètes à mettre en place dans ce contexte particulier et quelles leçons tirer ? On vous dit tout dans cet article !
La crise COVID19 a mis en lumière nos dysfonctionnementsLorsque le gouvernement a annoncé le début du confinement pour les français, certaines structures ont pu opter pour le télétravail, d’autres pour le chômage partiel. Mais les industries ont, pour beaucoup, dû continuer le présentiel avec des modifications certaines de leur quotidien ! Ce qui est sûr, c’est que bon nombre d’entre elles ont dû revoir l’ensemble de leur organisation et processus pour s’adapter à la situation. Un des problèmes les plus prégnants étant les nouvelles règles de présence et de circulation des collaborateurs. Comment s’effectuent les déplacements entre les bureaux ? Entre les différents ateliers ? Quand le déplacement est-il nécessaire ? Dans quels cas remplacer par de la visioconférence ? Comment accélérer la prise d’information, même à distance ? Beaucoup d’entreprise, happées par le manque de temps au quotidien, n’ont pas pris le temps de répondre à ces questions avant l’arrivée du COVID19. Et tous ces déplacements sont l’un des premiers gaspillages du Lean. Même avant la crise, la plupart des collaborateurs ne devraient se déplacer qu’au minimum ! Si la crise a permis aux industries de travailler en profondeur sur leur processus afin de garantir la sécurité de leur personnel alors elle aura au moins eu le bénéfice de les faire avancer dans la bonne direction ! Le Lean : une boîte à outils pour gagner en performance !Petit rappel historique… Le lean manufacturing (ou Lean production) est la version occidentale du système de production de Toyota mis en place dans les usines du constructeur automobile japonais dans les années 1950. Cette nouvelle forme d’organisation s’est peu à peu imposée face aux modèles de production tayloriste et fordiens. L’un de ses principes fondateurs est la rationalisation de toutes les actions pour se concentrer sur celles répondant aux besoins des clients de l’entreprise. Et donc, les actions produisant de la valeur aux yeux du client ! Pour cela, le Lean Manufacturing a pour objectif de chasser tous les excès, toutes les irrégularités et tous les « gaspillages » que l’on peut retrouver dans un atelier. Ainsi pour rappel, les gaspillages sont ciblés autour de :
Mais le Lean Manufacturing est avant tout une boîte à outils dans laquelle les organisations peuvent trouver des outils génériques à adapter pour qu’ils correspondent à leurs besoins spécifiques. Parmi les outils de cette boîte, vous pouvez retrouver les très connus : 5S, Kanban, MRPG ou VSM… Mais aussi les moins répandus : Heijunka, Jidoka ou Andon… Ce qu’il faut retenir, c’est que le Lean est avant tout une démarche de résolution de problèmes et d’amélioration par petit pas. Un véritable « état d’esprit » qui permet aux clients internes et externes de se préparer aux changements avec sérénité, ingéniosité et qualité qui n’est pas la moindre : sobriété. Car il s’agit d’une démarche « Bottom Up » : une démarche qui part des opérateurs et remontent vers les bureaux. Et non l’inverse. C’est aux opérateurs de rechercher et de proposer des pistes d’amélioration auprès d’un référent Lean de l’entreprise, animateur de la démarche, sans avoir à mobiliser toute une chaîne verticale de décision. Quelles actions de Lean Manufacturing concrètes mettre en place facilement ?Dans ce contexte spécial, les priorités ont évolué :
Comme c’est un sujet qui nous tient (aussi) à cœur chez We Network pour aider les entreprises à accélérer leur transformation digitale, notre expert Nicolas Pétrau en optimisation industrielle propose ainsi quelques pistes à explorer pour vous permettre de répondre à ces différentes priorités : 1. Limiter les déplacements de matièresAttribuez des postes de logisticiens internes dans votre atelier. Etant les seuls à se déplacer, cela limite et maîtrise le risque de propagation ! Vous pouvez également prévoir des zones de dépose en bord de poste. Ainsi, la logistique pourra amener et évacuer la matière, produits et sous-produits sans avoir besoin de pénétrer dans l’environnement de travail de l’opérateur, leur garantissant ainsi la distanciation d’un mètre recommandée. 2. Revoir l’organisation physique de l’entrepriseL’analyse de vos flux physiques mettra en évidence les différents trajets de matières, produits et personnels. Cette analyse permettra de raccourcir les distances, de faire du transfert de poste à poste via un convoyeur ou bien via un lieu de stockage intermédiaire commun entre deux postes ! Un outil simple et efficace pour cela : le diagramme spaghetti. L’idéal avec ce diagramme : imprimez votre plan et réalisez les trajets avec fils et épingles ! 3. Ne pas surproduireLa surproduction est le pire des maux ! Il est générateur de tous les MUDA (gaspillage), MURI (excès) et MURA (variabilité). Elle entraîne naturellement une augmentation des déplacements, de matières, de personnes et de non-qualité. Mais aussi un gaspillage des compétences, une hausse des stockages intermédiaires et de produits finis générant un impact sur le BFR (Besoin en Fonds de Roulement). En période de crise, plutôt que de générer du stock, mieux vaut privilégier un travail sur votre outil de production par vos équipes car c’est une opportunité de prendre du temps sur des actions plus difficiles à mettre en œuvre quand la charge d’activité est présente. 4. Ne pas gaspiller les compétencesChacun de vos collaborateurs doit être à son poste et réaliser son cœur de métier, ce pour quoi vous l’avez recruté. Dans vos ateliers de production, il est nécessaire que la matière vienne à votre soudeur et non l’inverse. Dans ce cas de figure, vous gaspillez la compétence de votre soudeur en lui faisant faire autre chose que ce pour quoi vous l’avez employé. Retenez que la logistique n’est pas le métier de l’ensemble de vos salariés ! Une compétence n’est pas gaspillée si elle est mise au service de l’entreprise dans l’amélioration des processus. On parle de gaspillage lorsqu’au sein de la chaîne de valeur, une personne réalise des actions sans valeur ajoutée pour le client. 5. Favoriser les outils digitauxLe digital est à favoriser pour limiter les déplacements et les contacts physiques au sein de vos équipes. Plusieurs pistes peuvent être explorées, plus ou moins rapidement :
Le déconfinement : top ou flop pour les industries ?Les optimisations du Lean Manufacturing sont bénéfiques pour la sécurité sanitaire mais également sur l’efficacité de vos processus. Mais qu’en n’est-il pour l’ensemble des industries, une fois le déconfinement installé ? Et bien elles ont fait face à trois cas majoritaires :
Le journal EETimes a mené une enquête dans l’industrie électronique mondiale pour recueillir leurs réactions face à la crise. EETimes en a conclu 5 principales leçons à tirer par les industriels traduite par l’Usine Nouvelle :
Cette crise n’a pas touché équitablement l’ensemble du tissu industriel français. Chacune des entreprises a dû s’adapter à sa situation et prendre des décisions inédites. Mais une chose est sûre, le monde industriel d’après ne ressemblera pas à celui d’avant. Certaines tendances de fonds sortiront renforcées de cette épreuve collective et constitueront certainement autant d’opportunités à saisir. |